"Introduisons le terme de technicien climatique, qui correspond mieux à ce métier et est attrayant"
Selon le nouveau président de Climafed, l'installateur a une mission: contribuer positivement au climat
Climafed, la fédération belge des technologies climatiques, a nommé un nouveau président. Avec Johan De Cuyper, directeur général de Weishaupt, l'organisation choisit un profil expérimenté dans le secteur des énergies renouvelables. L'objectif pour les années à venir? "Corriger le ratio énergétique en faveur de l'électricité et donner aux technologies respectueuses du climat au sein du PEB la reconnaissance qu'elles méritent. Ces deux éléments sont nécessaires pour accélérer la transition énergétique", explique Johan De Cuyper.
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"Mon travail s'est transformé en mission"
Johan De Cuyper a effectué un parcours international impressionnant. Il a commencé sa carrière chez Gore, connu pour ses vêtements Gore Tex. Mais c'est la fonction de filtration de la matière synthétique Gore dans les conduits de fumée qui a amené le nouveau président de Climafed dans le secteur de l'énergie. "La technologie environnementale est le fil conducteur de ma carrière et m'a toujours passionné", déclare Johan De Cuyper.
Après 15 ans passés chez Gore et la mise en place d'activités commerciales sur cinq marchés, Johan De Cuyper a rejoint Alfa Laval. Il y a travaillé trois ans au niveau du Benelux avant de rejoindre le siège en Suède en tant que directeur général de la division HVAC, en charge des marchés européen, américain et chinois. "Pendant mon séjour chez Alfa Laval, j'ai appris à bien connaître le marché des pompes à chaleur et celui des réseaux de chaleur. Ils étaient mes clients, nous leur vendions des échangeurs de chaleur, des refroidisseurs d'air, des stations de distribution, etc.
"J'ai été encore plus passionné par les solutions d'énergie renouvelable. Et lorsque j'ai entendu pour la première fois, lors d'une conférence HVAC en 2011, que le chauffage et la climatisation des bâtiments étaient responsables de plus de 40% des émissions de CO2, mon travail s'est transformé en mission. Car j'ai compris que si j'arrive à développer mon activité, je fais aussi quelque chose de bien pour l'environnement."
Lorsqu'Alfa Lava a vendu Cetetherm, Johan De Cuyper a rejoint Nibe Sweden en 2018. Un coup de fil de Weishaupt a suivi en 2021. "Je me suis demandé s'ils ne s'étaient pas trompés", raconte Johan De Cuyper. "Je connaissais surtout Weishaupt pour ses brûleurs, alors qu'à ce moment-là, j'avais déjà clairement choisi la voie de l'énergie renouvelable. Mais ils m'ont dit que c'est précisément pour ça qu'ils avaient besoin de moi. Parce que Weishaupt devait aussi faire le pas vers l'énergie renouvelable."
La Belgique, véritable pays de la pompe à chaleur
Aujourd'hui, Johan De Cuyper est directeur général de Weishaupt Belux. "Je pense qu'à ce poste, je peux apporter une contribution positive à notre climat. En tant que fabricant de chaudières et de pompes à chaleur, on est vraiment au centre du jeu, on peut faire bouger les choses de l'intérieur." Et encore plus en tant que membre et désormais président de Climafed, qui regroupe plus de 45 fabricants et importateurs de technologies climatiques. "C'était différent en tant qu'acteur du réseau de chaleur: j'étais plus souvent sur la touche. Mais bon, c'est logique quelque part. Dans notre pays, les réseaux de chaleur ne couvrent qu'une partie limitée de la demande totale de chaleur."
"L'écologisation de Weishaupt bat son plein. Dans notre département de recherche allemand, les deux tiers de l'équipe travaillent sur le développement de produits durables. Le passage à de nouveaux réfrigérants, comme chez tous les fabricants de pompes à chaleur, occupe une place de choix. Il ne s'agit pas d'un simple changement de gaz. Il faut vraiment développer un tout nouveau produit - un processus qui exige beaucoup de la part de notre secteur."
"À cela s'ajoute le caractère capricieux du marché des pompes à chaleur. Alors que nous, les fabricants, nous investissons massivement dans la capacité de production, voilà que la demande chute soudainement. Cette combinaison ne facilite pas les choses."
"Néanmoins, je m'attends à ce que la Belgique devienne un véritable pays de pompes à chaleur. Il existe un certain potentiel pour les réseaux de chaleur. En particulier pour les réseaux de chaleur à très basse température situés à proximité des consommateurs, par exemple sous une aire de jeux dans un quartier ou sous le parking d'un immeuble d'appartements. Mais je pense que les grands réseaux de chaleur mettront encore beaucoup de temps à arriver en Belgique."
Une grande différence avec la Suède, que Johan De Cuyper connaît bien, où le chauffage urbain couvre environ la moitié de la demande de chaleur dans les habitations et les bâtiments utilitaires. "En fait, c'est le résultat d'une décision politique audacieuse prise dans les années 70. En raison de la mauvaise qualité de l'air, il a alors été décidé de limiter la combustion fossile individuelle et de raccorder les bâtiments à de grandes conduites d'eau chaude alimentées de manière centralisée. Ces chaufferies centralisées ont ensuite été écologisées: du charbon au mazout, puis au gaz, au gaz propre et maintenant à la biomasse. En Belgique, il a été décidé dans les années 70 de construire un vaste réseau de gaz. Il semble aujourd'hui impossible d'inverser complètement la tendance. Voilà pourquoi on mise sur les pompes à chaleur."
Deux axes de travail pour Climafed
Rectifier le ratio énergétique
"Malheureusement, l'image des pompes à chaleur est aujourd'hui mise à mal, en partie à cause d'une attention médiatique négative. Nous savons tous que la transition énergétique est nécessaire mais qu'elle ne se fera pas sans heurts. Cependant, si chaque étape est essentiellement présentée sous un jour négatif, cela crée beaucoup d'incertitude chez les utilisateurs."
"Je pense qu'avec Climafed, nous ne pouvons plus courir après les faits, et qu'au lieu de corriger les messages erronés ou partiaux, nous devrions nous-mêmes, avec les associations sectorielles, prendre l'initiative d'une campagne qui souligne la nécessité de la pompe à chaleur tout en mettant ses avantages en évidence. Pensez à l'augmentation de la valeur de votre maison et au confort supplémentaire en été parce que la pompe à chaleur permet également de refroidir."
"Aujourd'hui, l'accent est mis sur la période d'amortissement des pompes à chaleur. La raison en est que le rapport entre les prix du gaz et de l'électricité est faussé. L'électricité est actuellement 3,8 fois plus chère que le gaz, alors qu'elle ne devrait être que 2,5 fois plus chère pour qu'une pompe à chaleur soit rentable. C'est donc un point important de l'agenda de Climafed: nous voulons corriger cette proportion faussée."
Johan De Cuyper:
"Je considère mon travail comme une mission. Si j'arrive à développer mon activité, je fais aussi quelque chose de bien pour l'environnement"
"Le prix de l'électricité n'est pas tout, il existe d'autres moyens de faire d'une pompe à chaleur un investissement rentable. Une étude récente de la CREG, par exemple, montre qu'une pompe à chaleur combinée à des panneaux solaires, à une régulation intelligente et à un tarif dynamique est rentable."
"Les études de rentabilité doivent également tenir compte de l'augmentation des prix du gaz à partir de 2027 en raison de l'introduction de l'ETS2. Cependant, il ne faut pas s'attendre à ce que l'électricité devienne moins chère - les investissements nécessaires dans le réseau vont plutôt augmenter le prix."
"L'énergie deviendra donc globalement plus chère. Une raison de plus d'opter pour des technologies à haut rendement énergétique, comme la pompe à chaleur."
Participer à la réforme du PEB
"Cela nous amène immédiatement à un deuxième point de travail important pour Climafed dans les années à venir. Aujourd'hui, nous travaillons activement à la réforme du PEB. En effet, certaines technologies méritent une meilleure évaluation, tandis que d'autres reçoivent des points négatifs injustifiés."
"Prenons l'exemple des modules thermiques de distribution: le combilus vers un appartement est pénalisé parce qu'il y aurait une perte de chaleur dans le couloir. Cependant, cette perte représente peu de chose par rapport au gain d'efficacité global de ce système de chauffage. Mais cela se heurte à un individualisme profondément ancré: personne ne veut payer pour une chaleur dont d'autres bénéficient également. Or, c'est précisément cette approche partagée qui est beaucoup plus durable et efficace à long terme."
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Un changement de mentalité est nécessaire: nous devons nous débarrasser de notre pensée individualiste
"Notre culture est très individualiste et je comprends d'où cela vient. Ce besoin d'avoir le contrôle, et donc d'avoir son propre appareil de chauffage, s'est développé historiquement. Mais les solutions collectives offrent souvent de nombreux avantages."
"Je pense que dans les appartements nouvellement construits, nous préférons éviter le look hongkongais où des dizaines d'unités extérieures différentes sont suspendues à la façade", ajoute-t-il.
"Avec Climafed, nous avons mis en place un groupe de travail qui formulera des recommandations à l'intention des promoteurs d'appartements neufs afin de les convaincre des avantages des solutions collectives."
"L'économie d'échelle est un avantage clé. Les pompes à chaleur individuelles doivent être dimensionnées pour les pics de consommation. La somme de toutes leurs capacités est supérieure à la capacité totale d'un système collectif, qui peut être plus petit grâce à une répartition des charges."
"Il y a aussi des avantages pour les utilisateurs. Il n'y a plus de soucis d'entretien, il y a un seul interlocuteur en cas de problème et, grâce aux compteurs de consommation individuels, il n'y a plus de discussion sur qui a consommé quoi et une facturation équitable est tout à fait possible. Il y a également un gros potentiel pour les entreprises de services énergétiques. Il y en a déjà qui sont actives, mais je m'attendais à ce qu'il y en ait davantage à l'heure actuelle."
"Pour les immeubles d'habitation existants dotés d'une chaufferie collective, une installation hybride peut constituer une bonne solution. Même si elle est provisoire, dans l'attente de rénovations structurelles. L'ancienne chaudière reste en place, en tant qu'appoint, tandis qu'une pompe à chaleur prend en charge jusqu'à 70% de la demande de chaleur. Plus la puissance requise est importante, plus un tel système hybride devient intéressant."
L'avenir est à une approche multitechnique
"Mon conseil aux installateurs? Orientez votre entreprise vers le multitechnique. Votre client s'attend à être déchargé de tout souci et préfère un seul interlocuteur pour sa pompe à chaleur, ses panneaux solaires, sa commande, etc. Suivez des cours de recyclage à cet effet. Et si vous ne voulez ou ne pouvez plus suivre tout ça vous-même, rajeunissez votre entreprise. J'ai déjà vu plusieurs exemples inspirants d'un fils ou d'une fille se spécialisant dans les technologies renouvelables et la partie électrique plus complexe, apportant ainsi une grande valeur ajoutée à l'entreprise d'installation."
"L'installateur du futur a une mission: contribuer positivement au climat. Il est peut-être même temps de dire adieu à des appellations comme 'installateur de chauffage' ou 'technicien en réfrigération'. Le terme de 'technicien climatique' correspond bien mieux et est également plus attrayant pour les jeunes qui choisissent le métier."
